J’vous prendrais un verre de lait, svp
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Chez mes parents, le lait, ça se boit presque comme de l’eau. J’ai donc jamais compris comment on pouvait se suffire d’un verre de lait ou deux par jour. Moi, j’en prendrais au moins pour accompagner n’importe lequel de mes repas. Pas juste le spaghetti.
Du plus loin que je me souvienne, le lait a toujours été ma boisson de prédilection. Si vous faites partie des personnes qui ne le savent pas encore : j’ai grandi dans une ferme laitière. C’est sans doute ce qui explique que le lait ait toujours occupé une place bien importante dans mon cœur. Ça pis son bon goût qu’on ne peut passer sous silence.
Un peu de lait svp
Pour la petite histoire : quand on étaient petites, mes parents surnommaient affectueusement mes sœurs et moi «leurs p’tits veaux». Notre consommation de lait personnelle ne se calculait pas en verres, mais bien en litres quotidiens. Chez nous, il n’y a jamais eu de jus, de carafe d’eau ou encore de liqueur à boire aux repas. Le «pot à lait » était roi et maître. L’élixir blanc qui venait tout droit de notre étable s’est toujours super bien marié avec chacun de nos repas.
Chez nous, le lait, on en boit avec n’importe quoi. Pis ça, c’est sans compter que le lait m’a sauvée plusieurs fois d’une chicane avec ma mère. Il faut me comprendre : chez nous, c’était mal vu d’être difficile à table. Valait mieux manger ce qu’on avait dans notre assiette sans rouspéter. En général j’aimais ce que ma mère cuisinait. Mais comme n’importe quel enfant, certains plats me rebutaient. Dans ces moments-là, mon verre de lait devenait mon fidèle allié, mon appui dans cette guerre aux mauvais goûts. N’importe quel chop suey ou chili devenait passable à grands coups de gorgées de lait. Pis ça, c’était ben payant pour ma relation avec ma mère. (Je t’aime, maman.)
Bœuf et lait, un duo gagnant
J’ai bu du lait avec pas mal tout ce qui vient d’un frigo ou d’un garde-manger. Ça fait en sorte qu’aujourd’hui j’ai parfois des envies que mon entourage trouve spéciales. L’accord bœuf et lait en fait partie. Dans ma famille, le bœuf était souvent à l’honneur. Ça arrivait souvent qu’on mange un steak avec des patates rondes bouillies, de la salade iceberg hachée finement avec deux-trois bouts de tomate et, le plus important : un beau grand verre de lait qui venait parfaitement lier le tout. Juste d’y penser j’en salive.
Bon. C’est sûr qu’aujourd’hui quand je vais dans un Steakhouse, le personnel du resto s’attend davantage à ce que je demande un extra sauce aux poivres qu’un petit verre de lait sul’côté. Que voulez-vous, c’est plus fort que moi. T’as beau me proposer un beau beurre composé aux herbes à laisser fondre sur mon t-bone, moi, ce que je veux, c’est me racler le gosier à grandes lampées de lait.
Toujours dans le spectre du bœuf, il faut que je vous dise : j’adore manger mon hamburger avec un (ou plusieurs!) verre de lait. J’comprends encore pas pourquoi, quand je suis invitée à un barbecue, le lait est trop souvent au rayon des oubliés. Dans ma tête, le lait, c’est presque aussi important que les condiments. Ça vient compléter et optimiser le goût. J’pense même que les chaînes de restauration rapide devraient proposer des burger « ketchup-relish-moutarde » qui viennent avec un berlingot de lait pour tout le monde. Ben quoi, y’a pas juste les enfants qui aiment ça, boire du lait en mangeant.
Le lait en mode party
Parlant de ça. Le lait, c’est souvent une boisson qu’on associe à l’enfance. Une fois adulte, ça devient un breuvage « avec un petit goût de nostalgie » qu’on se réserve pour tremper nos biscuits ou accompagner notre assiette de spaghetti.
Est-ce que je suis la seule qui rêve d’un party entre trentenaires où le lait est aussi présent que tout autre décoction? Bière, vin, mocktails, cocktails, eau pétillante et déclinaisons de lait; 1%, 2%, 3,25%. Je m’imagine déjà faire un toast au nouvel emploi de mon ami François en levant mon verre de lait, à vivre un enterrement de vie de jeune fille avec un drink à base de lait ou encore souhaiter la « Bonne Année » à mes convives en levant ma flûte de lait.
Je suis pas mal certaine qu’avoir accès au lait en plein party pourrait alléger les moments un peu gênants où on se sent pris au piège à écouter quelqu’un qu’on connait à peine. Personnellement, si je dois endurer un inconnu me parler des statistiques de sa nouvelle application de suivis d'entraînements, je préfère le faire avec un verre de lait.
Sucre et traditions
Nommez-moi un duo plus iconique que le lait et le dessert? C’est ce que je pensais. Oui, le lait c’est bon avec le salé, des chips au hot-dog en passant par les nachos pis les egg rolls. Mais y’a absolument rien qui peut battre l’union dessert et lait. C’est comme le yin et le yang de la gastronomie.
Pouding, tarte, muffin, gâteau, croustades… tous les desserts sont encore meilleurs avec du lait. Mais le suprême accord est sans aucun doute la bûche de Noël et le lait 3,25 %. À mes yeux, c’est LA combinaison gagnante pour les papilles gustatives.
Ma mère a même pris l’habitude de faire congeler une bûche de Noël pour qu’on puisse avoir le plaisir de manger de la bûche avec un verre de lait en plein mois de juillet. Y’a rien de mieux que de se claquer une bonne bûche sur le bord de la piscine avec une pinte de lait pour se sentir en pleine vie.
L’audace de l’âge adulte
J’suis consciente d’avoir grandi dans une famille où le lait a toujours eu une place de choix,mais vient toujours un moment où on a envie de faire différent. En vieillissant, mes sœurs et moi on s’est un peu détachées du lait. En tant que fidèles enfants des années 90, on a fini par s’intéresser au jus bleu ben trop sucré que tout le monde buvait, au faux jus d'orange et au jus en canne congelée. On était des ados et on évoluait avec des nouveaux codes. Comme si écouter notre musique d’ado avec un verre de lait, ça se faisait pas.
Heureusement, on finit toujours par revenir à ses premiers amours. Aujourd’hui je suis une adulte qui veut redonner au lait ses lettres de noblesse en tant que breuvage qui se distingue par sa souplesse et sa polyvalence.
Acheter du lait pour se contenter d’en verser quelques gouttes dans son café, ça devrait être un crime. Au diable les conventions, la preuve, c’est que je bois maintenant du lait en écoutant n’importe quel groupe de musique et je me régale de tout ! Heavy métal, dumpling et lait 2 %; le trio des personnes gourmandes qui n’ont peur de rien. Pis vous, c’est quoi le vôtre?
Crédit photo de Josiane Aubuchon : studio 2 Filles et 1 Flash
Montage photo et illustration : Famille du lait